Pour cette nouvelle exposition, Thierry Lenoir revisite l’histoire du monde et de l’art. Il nous invite à observer les choses au travers du filtre de son regard espiègle et expressionniste. Il se frotte aux géants de la peinture devenus aux yeux de beaucoup de simples produits de consommation. La Laitière évoque souvent plus une marque de yaourt que Vermeer, le Cri de Munch devenu émoticône apparaît sur un tel nombre de produits dérivés qu’il se vide de son destin tragique. Thierry Lenoir glisse donc dans ses images un poil à gratter teinté d’humour. La silhouette du maître norvégien devient un simple jouet, sorte de doudou sentimental au sein d’œuvres d’autres artistes.
Il propose aussi des planches dans lesquelles son regard affûté et critique souligne les travers de nos sociétés occidentales. Le consumérisme, le désir éperdu de vivre une vie de loisirs qui nous permettrait de nous extraire des habitudes mais qui, dans les faits, n’est que la version bien formatée des loisirs. Nous nous rêvons libres mais portons toutes et tous un boulet. On nous façonne depuis l’âge industriel pour être de bons citoyens / travailleurs / consommateurs. L’expression d’une pensée autre se retrouve aux marges du monde, là où Thierry Lenoir observe, conçoit et active ses gouges avec avidité. Sa perception malicieuse du monde, la vitalité de ses compositions (particulièrement celles convoquant des foules) font de lui une figure essentielle de notre époque en mutation. Une sorte de fou du roi rock à qui tout est permis puisqu’il a choisi de nous donner à voir par le biais de l’humour tous nos défauts.
Christophe Veys,
directeur du Centre de la Gravure
et de l’Image imprimée