Depuis 2019, j’ai réalisé des milliers de clichés avec une variante de matériaux rudimentaires, trois normographes ayant appartenu à mon grand-père, deux éclairages simples (un téléphone portable, une lampe led orangée) et un fond blanc, le tout dans un petit studio au fond de mon jardin. J’ai multiplié les prises de vue : un seul procédé pour un maximum de possibilités. La notion d’épuisement (à tout point de vue) est un des moteurs de ce travail, la photographie et ses moyens disponibles en sont un autre.
J’expérimente autant de variantes visuelles que possible, la lumière, la transparence, l’apparition et la disparition de la ligne, de la forme et du plan qui invoquent l’abstraction géométrique. Les notions de faux-semblant, d’illusion, de réalité transformée, d’épuisement et de variations m’intéressent au moins autant que l’aspect formel et plastique. Ces exercices de style sur les possibilités techniques et physiques posent la question de fin et d’infini (autant pour l’homme que pour la technologie).
En effet, les trois normographes en plastique s’usent, s’abîment car leur manipulation n’est pas toujours aisée. J’utilise de la pâte à modeler et des équilibres précaires pour mettre en place les objets, ils ne tiennent pas toujours durant la longue exposition de 8 à 20 secondes. Je modifie parfois mes éclairages durant ce moment dans une sorte de « ballet » ou de va et vient qui implique une tension physique.
La nécessité de devoir déformer le fond pour obtenir une forme résonne avec l’actualité contemporaine.
Jonathan Steelandt