Frédéric LENOIR L'Ame du monde ou les clés de la sagesse
Sint-Pieters-Woluwe - Bruxelles
L'exposition dévoile de nouveaux assemblages picturaux, fruits d’une démarche exploratoire consistant à rapprocher des tableaux distincts pour générer une interaction entre différents champs colorés. Une des innovations réside dans la transformation des châssis eux-mêmes : certains abandonnent les formats standards, leurs parties inférieures étant découpées de manière à instaurer une tension visuelle entre la couleur et sa forme d’accueil.
Le titre de l’exposition, Whiteout, rend hommage à la dernière œuvre de Jan Andriesse, décédé en 2021. Ce choix souligne une filiation sensible et conceptuelle avec son travail. En météorologie, le terme « whiteout » désigne une lumière diffuse où ciel et neige semblent se confondre, effaçant toute ombre et limite claire.
Les peintures présentées adoptent une approche minimaliste tout en approfondissant l’exploration des nuances chromatiques. Une composition typique se divise en deux parties : un rectangle dans la section supérieure et une forme organique, flottant presque indépendamment. Inspirée par les découpages de Matisse, cette démarche traduit en peinture l’idée d’une couleur « sculptée » qui transcende la surface plane pour se faire volume.
Assembler deux tableaux, c’est aussi marquer une rencontre : un contraste net entre champs colorés, mais aussi une relation intime entre deux entités distinctes. Cette dualité s’inspire de l’œuvre Untitled (Perfect Lovers) de Félix González-Torres, où la juxtaposition évoque une tension entre individualité et unité.
Certaines compositions intègrent des lignes tracées au crayon, traversant l’espace pictural pour renforcer l’idée de connexion et de division. Cette réduction formelle s’inscrit dans une tradition du minimal art, mais le geste expressif et corporel, caractéristique de ma peinture, introduit une tension avec les codes de l’art minimal. Cette contradiction, maintenue volontairement, alimente une dynamique entre rigueur et spontanéité.
L’intervention in situ prolonge ces questionnements en dépassant les limites du cadre. Sans esquisse préalable, l’œuvre émerge du dialogue avec l’espace architectural. La forme triangulaire introduite dans cette intervention répond à la peinture suspendue à 45° sur le mur principal, un clin d'œil aux Diamond Compositions de Piet Mondrian.
Enfin, cette exposition intègre une pièce céramique qui établit un dialogue entre matière brute, couleur et geste. Les traces de doigts laissées dans la terre crue capturent une présence corporelle directe, tandis que la couleur, appliquée de façon instinctive, reflète le mouvement éphémère de la main sur la matière. Les zones avec lesquelles la couleur naturelle de la terre reste apparente rappellent l’origine ancestrale de cette pratique, inscrivant mon travail dans une continuité historique tout en affirmant sa contemporanéité.