En tant qu’acte, le risque donne prise au hasard. Nous le voudrions volontaire alors qu’il s’origine dans l’obscurité, l’invérifiable, l’incertain.
Anne Dufourmantelle
C’est la nuit, quelque part, au bord d’une piscine qui semble abandonnée. Traversant la pénombre, on devine une jeune femme, marchant autour de l’eau. Qui est-elle, et que vient-elle faire là ? Son corps tremble parfois, et pourtant elle avance, progressant jusqu’au pied de ce plongeoir dont la silhouette imposante s’élève au-dessus du bassin. Elle gravit les quelques marches, avance encore, le corps en équilibre, jusqu’au bout de la planche. « Vous allez plonger ? » C’est la voix d’un homme, assis un peu plus loin, devant son micro, dans une sorte de cabine envahie de buée. Le gardien de nuit, peut-être ? Il continue à lui parler, mais la jeune femme est arrivée tout au bord du vide. Trop tard, maintenant, pour renoncer. Soudain, le vent se lève, figeant son corps dans la nuit, dans cette posture précaire, cette fugace éternité qui précède le grand saut … Sarah Devaux et la compagnie Menteuses offre ici un étonnant essai aquatique, qui brouille les frontières entre théâtre et cirque pour explorer l’intime : outrepasser ses peurs, marcher vers son désir, s’abandonner à l’inconnu, prendre le risque de la vie en somme… Plonger dresse le portrait d’une insomniaque en maillot de bain et de son malicieux partenaire, qui l’accompagne dans son errance nocturne, tour à tour maître-nageur, agent d’entretien ou confident à ses heures.
Entre rêves et éclats de vie, ce duo d’intranquilles sonde tous les potentiels physiques et narratifs, en suspens au-dessus de ce vide qui les appelle, dans un éclair frissonnant de pur présent… Vertigineux et audacieux.