L’amour n’est que le roman du cœur : c’est le plaisir qui en est l’histoire.
En 1772, quand Beaumarchais en débute la rédaction, son intention est claire :
Le barbier de Séville sera une comédie où l’on rira et ne pleurera point, qui invente une Espagne de fantaisie, où naissent des personnages qui habiteront son écriture et vieilliront avec lui, dont Figaro, l’emblème de la révolution à venir, le valet-star né tout droit de la Commedia dell’ Arte, avec Arlequin, Sganarelle et Scapin pour ascendants.
Le pitch est des plus simples : à Séville, Rosine est jalousement gardée par son tuteur le Docteur Bartholo, qui cherche à l’épouser. Mais Rosine est amoureuse d’un mystérieux soupirant, Lindor qui n’est autre que le comte Almaviva. Aidé par Figaro, il mettra tout en œuvre pour conquérir la belle et faire triompher l’amour.
Avec le rire pour boussole de l’entendement, Le barbier de Séville est un classique parmi les classiques. Mais se limiter à cette seule dimension serait oublier l’insolence de l’écriture, qui fait la part belle à la violence des jeunes désirs qui déstructurent l’espace bourgeois et dynamitent les convenances, et qui fait de Rosine, seul rôle féminin de la pièce, non pas la biche aux abois d’une chasse à courre viriliste, mais bien une femme combative et résolue qui préfigure la Suzanne du Mariage de Figaro, conscience politique en plus.