Ses recherches ont d’abord portés sur les formes spécifiquement religieuses d’incorporation de fidèles euro-africain.e.s et euro-latino-américain.e.s à Bruxelles.
À partir d’une ethnographie fournie et détaillée, sa thèse de doctorat avait pour ambition de décrire et d’analyser l’enchevêtrement particulier entre l’expérience migratoire d’acteurs.rices euro-africain.e.s et euro-latino-américain.e.s à Bruxelles et leur affiliation religieuse au(x) pentecôtisme(s) dans cette même ville.
En effet, il s’agissait d’explorer la manière dont les converti.e.s travaillent collectivement à réaliser la transformation encouragée par le scénario religieux qui consiste à appliquer le « plan parfait de Dieu » dans leur vie. C’est ainsi que les fidèles – qui sont aussi des migrant.e.s et dont la légitimité de citoyen à part entière est constamment mise en doute – s’appuient sur la lettre biblique pour donner une consistance divine à leur présence sur le territoire belge.
Par la suite, ses travaux ont questionné l’administration par l’Etat belge de l’intimité. Maïté Maskens s’est concentré sur l’étude des interactions entre agents de l’Etat et couples binationaux dans le cadre des politiques publiques de luttes contre l’instrumentalisation de l’institution maritale.
Ces unions qui questionnent les contours et les contenus des frontières produisent des anxiétés étatiques dans de nombreux pays européens car elles touchent à la question de l’inclusion nationale.
A ce titre, elles sont un peu partout l’objet de régulations de plus en plus strictes. Sa recherche postdoctorale a questionné de manière ethnographique la mise en œuvre des politiques publiques à l’échelon communal (agents de l’état civil) et à l’échelon fédéral (cellule de police spécialisée « mariage blanc ») dans la ville de Bruxelles.
En effet, en Belgique et depuis 1999, l’officier de l’état civil est muni du pouvoir légal de différer ou de refuser la célébration d’un mariage lorsque l’un des partenaires/les partenaires est/sont soupçonné(s) de mariage d’intérêt ou de complaisance.
Un dispositif de contrôle et d’authentification a donc été mis au point afin de confirmer ou dissiper les soupçons nés des prétentions d’union entre un citoyen(ne) belge ou européen(ne) et un(e) ressortissant(e) d’un pays tiers.
Son enquête de terrain a permis de mettre en lumière les critères implicites, éminemment moraux, qui servent de ressorts dans la prise de décision des agents de l’État belge.
En effet, en interrogeant l’État par le truchement du travail quotidien, répétitif et hautement moralisé de ses agents, la question des frontières de l’Europe incarnée dans les interactions entre migrants et agents de l’État a occupé une place centrale. Cette frontière s’articule ici autour de la conception partagée ou non des notions de citoyenneté et des formes légitimes d’affectivité.
C’est pour qualifier le travail moral quotidien des bureaucrates que les concepts de féminisme et de romantisme bureaucratiques ont émergé de mes observations ethnographiques ; ces concepts visent à rendre compte d’une tendance des agents de l’État à évaluer les partenaires binationaux à l’aune de critères implicites (l’amour dans sa forme romantique, l’égalité entre les sexes et le libre choix du partenaire) et non, comme le texte de loi l’indique, à l’aune des traces objectives d’instrumentalisation de l’institution du mariage.