Salutano gli uccelli
La dédicace de l’opus 4 de Marco Uccellini, publié à Venise en 1645, et adressée au « Principe Serenissimo », doge de la cité, commence par ces mots si évocateurs, faisant référence autant au propre nom du compositeur qu’à une source d’inspiration sans faille : la nature, dans toute sa beauté et sa diversité.
Et si l’on se penche sur le répertoire imprimé à Venise dans la première partie du XVII ème siècle, et notamment la littérature instrumentale, qui est au cœur du programme de notre concert, on se rend très rapidement compte que l’écriture a une qualité effervescente, les lignes sont des lianes ou des cascades ou des éclats de lumière, les cadences se transforment en estuaires ou confluences, et les changements de mesure sont comme autant de variations de température, de présages d’averse ou de promesses de danse sous un soleil radieux.
Dans l’utilisation des motifs (comme autant d’étoffes colorées), des modulations (souvent dérivées de la conduite de basse héritée du cantus firmus), des phrases à géométrie variable et des tempi toujours en évolution, les compositeurs nous offrent un espace de liberté où les musicien.n.es peuvent jouer à leur aise, danser et toucher les oreilles du public avec une fraîcheur toujours renouvelée.
Peut-être qu’une grande partie du charme de ces pièces réside également dans la manière dont elles nous sont parvenues, sous le masque d’une impression en losange, typique de Venise à cette époque, pas toujours simple à déchiffrer, mais hyper stimulante pour l’imagination : les lignes constituées de pointillés, les notes en losange, les pauses trompeuses et les rythmes aléatoires sont autant de chatoiements et miroitements que les interprètes peuvent intégrer à leur musique.
Fermez les yeux, imaginez le clapotis de la Lagune (sans les vaporettos ni les moustiques), et laissez vous emporter par ces musiques, si souvent étudiées ou enseignées et trop peu partagées en concert !
Amandine Beyer, violon
Marco Ceccato, violoncelle
Anna Fontana, clavecin