Lunch time | Découverte de la collection de Charles Delsemme
Louvain-la-Neuve - Brabant Wallon
Pour Christian Odzuck, le livre est à la fois une condition et une exigence. Concrètement, le début d'un nouveau travail signifie nécessairement le début d'un nouveau livre. Il décrit lui-même le moment du début comme suit : « Le simple fait d'ouvrir un nouveau document ouvre tout un monde. Tout est possible. Deux pages blanches, c'est l'infini ». Le livre représente d'une part la possibilité d'ordonner un processus intellectuel, d'autre part de documenter un processus intellectuel. Ce qui l'intéresse avant tout, c'est la simultanéité des deux processus. Son approche est à la fois ordonnée et documentée. Il serait toutefois complètement faux de penser que les résultats de son travail nient le chaos et le hasard. La conscience de l'impossibilité de créer de l'ordre est inscrite dans chacune de ses œuvres d'art complexes et de ses catalogues. Elle n'est cependant pas un frein ou un obstacle, mais le moteur de son action.
Ainsi, Odzuck n'essaie même pas de briser les lois du livre étudiées au fil des siècles. Il joue avec elles et cherche tout au plus des moments de dissolution de ces structures, ce qui le contraint tout naturellement à opter pour une séquence. La linéarité du livre lui suggère certes un début et une fin sur le plan physique, mais pas du tout sur le plan conceptuel, car on peut le considérer (le livre) comme une œuvre d'art, un objet ou un tableau.
Il est frappant de constater que chacun de ses catalogues, présentés pour la première fois dans leur intégralité lors de l'exposition, ont toujours été produits dans le même format (17 × 24 cm). Cela crée un lien entre les livres. Chaque livre est certes une œuvre à part entière. Mais tous les livres forment une œuvre complète, qui sera complétée et élargie avec le prochain volume. Tous les livres réunis forment littéralement un « body of work » qui renvoie aux livres et développements à venir.