Expo photo de la Collection du Parlement francophone bruxellois
Bruxelles - Bruxelles
Le nu masculin dans la photographie. Pourquoi ce thème ?
Est-il pertinent d’en parler, de l’aborder en 2024 ? Est-ce toujours une source d’inspiration pour les photographes ? Peuvent-ils proposer un nouveau regard, un autre regard, sur le corps
masculin nu ?
Aujourd’hui, dans notre monde de plus en plus exhibitionniste, le corps masculin est exposé partout. Il sature les réseaux sociaux, il s’affiche dans un grand nombre de publicités, et, paradoxalement, il n’a jamais été autant censuré. De fait, une partie de notre société qui prône le retour à la pudeur, qui exprime une certaine pudibonderie et un nouvel ordre politiquement correct, ne favorise pas l’image publique de
la nudité masculine.
Jadis, il fallait un contexte précis, une sorte de prétexte, pour que l’art accepte la représentation
de l’homme nu : scènes de la mythologie, de l’antiquité, scènes religieuses aussi, puis scènes historiques telles que guerrières et militaires. Aujourd’hui, débarrassée de presque tous ces tabous, la nudité masculine frontale est presque la dernière frontière à conquérir artistiquement. L’homme nu devient même pour certains photographes un sujet d’engagement militant, telle une nouvelle croisade. Dès lors, ils assument de le représenter sans se censurer eux-mêmes, ni censurer leur propre travail. Ils revendiquent
en toute simplicité la beauté de la nudité masculine, tel un objet de désir, une position plutôt réservée à la femme jusqu’il y a peu.
Cette nouvelle vision décomplexée, ce nouveau regard, plus libre, posé sur le nu masculin, propose à
la fois une source de plaisir non dissimulé pour celui qui regarde, et n’a plus à s’en cacher, et une réflexion sur la place de l’homme nu dans l’environnement que l’artiste aura choisi : dans l’intimité d’une chambre au crépuscule, à l’extérieur, face à une nature sauvage, ou encore, recherchant sa propre identité, face à son semblable, nu lui aussi, et peut-être, plus loin encore, là où l’art n’a plus de frontière, dans les rêveries les plus personnelles et l’imaginaire le plus exotique ou étrange propre à chacun.