En 2009 l’a.s.b.l. "L’Abri aux ifs" accueille Hubert Nyssen (écrivain et fondateur de la célèbre maison d’édition Actes Sud » venu présenter son ouvrage « Le Nom de l’Arbre » et propose à Pierre Moreau d’accompagner cette "Causerie au coin du feu" d’une exposition d’une dizaine de portraits photographiques d’arbres. Ce fut là les premières photographies de paysages exposées par Pierre Moreau.
Depuis toujours, l'arbre est le symbole universel des cycles de la vie, de la force du vivant, du temps long, du lien de la terre avec le ciel et le cosmos.
Incapable de déplacer son sujet dans son studio pour l’éclairer comme il le veut, Pierre Moreau sort ses éclairages de studio et attends la tombé de la nuit pour éclairer chaque arbre choisi. Très vite, il ressent le besoin d’introduire une référence d’échelle animale ou humaine pour exprimer toute la majesté de ces géants.
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L’art de Pierre Moreau est à la fois poésie et photographie. De sa longue pratique dans la mode et la publicité, il a acquis une maîtrise technique hors du commun. De la rencontre avec des artistes comme Olivier Strebelle, il a aiguisé la perception poétique des formes, des mouvements, des lumières dans l'œuvre du sculpteur.
Aujourd’hui, comme livré à lui-même, on serait tenté d’écrire "délivré" à lui-même, Moreau explore la dimension poétique de son regard. Qu’il le porte sur les friches industrielles taguées, à la lisière matinale des forêts ou dans le soleil si particulier de Saint-Idesbald, sur les rivages dunaires de la mer du Nord, l’objectif de Moreau capte, au moment de la prise de vue, l’émotion esthétique essentielle. Usant ensuite de toute la palette de la technologie numérique, l’artiste déploie un univers esthétique qui nous trouble parce qu’il est à la fois ce que l’il a vu et ce que le cœur a ressenti.
Dans chacune de ses photos, le spectateur reconnaît une musique, un souvenir, un sentiment qui lui semblent familiers et pourtant révélés à nouveau. N’est-ce pas cela la poésie ? Une émotion dans laquelle nous nous lovons comme dans le cercle familier de sentiments que nous croyions oubliés et qui, pour surgir à nouveau, ne demandaient qu’à être sollicités ?
L’art photographique de Moreau est de l’ordre du paysage poétique : on le contemple à jamais sans parvenir à en épuiser les variations, les ciels, les saisons.
Edmond Morrel (Espace-livres.be)