Joseph Makula fut le premier et l’unique photographe congolais à travailler à partir de 1956 pour Congopresse, l'agence officielle du Congo belge. Il avait appris le métier dans l'armée et avait déjà eu l'occasion de travailler pour un journal. Il photographia principalement la vie quotidienne de la classe moyenne congolaise urbaine à laquelle il appartenait lui-même et avec laquelle il pouvait visiblement s'identifier.
Un de ses sujets était l'enseignement technique supérieur qui fut développé dans les années 1950 pour les garçons et les filles. Il plaça devant son objectif un grand nombre de ce qu'on appelait à l'époque les ‘évolués’ qui formaient une nouvelle élite congolaise. À défaut d'initiative des autorités coloniales, ils organisèrent eux-mêmes l'enseignement destiné aux femmes qui débarquaient généralement sans aucune formation, ou avec une faible scolarisation sur le marché du travail. Les photographies relativement intimes que Makula a pris des intérieurs des ‘évolués’ reflètent clairement l’affinité entre le photographe et les personnes photographiées.
En comparaison avec ses collègues européens, Makula a réalisé beaucoup moins de photos d'événements officiels et de visites de hauts dignitaires étrangers. Il a aussi beaucoup moins voyagé. Bien qu'il y ait quelques photos prises dans de lointaines provinces, il est clair qu'il travailla principalement dans et aux alentours de la capitale Léopoldville. Son œuvre ne comporte aucune photo de la vie villageoise congolaise. Il n'est pas clair si les contrastes frappants entre les photos de Makula et celles de ses collègues européens tiennent à des préférences personnelles ou à des décisions de ses supérieurs.
Après l'indépendance, Makula forma toute une génération de photographes pour Congopresse, et aussi la première et unique femme photographe, Mpate Sulia. Mobutu lui confia quelques importantes missions. Entre 1981 et 1991, il exploita son propre studio Photo Mak à Lemba (Kinshasa). Une de ses filles travaille également comme photographe.