Parmi les souvenirs donnés en 1954 par Denzil, en mémoire de son père le célèbre voyageur Henry M. Stanley (1841-1904), se trouvait un rare ensemble de 63 plaques de verre pour lanterne de projection. Celui-ci fait maintenant partie de la Collection Henry M. Stanley du Musée royal de l’Afrique centrale.
L’utilisation de plaques de verre pour projeter des images est un procédé très ancien qui, au 19ème siècle, passa du domaine de la récréation à celui de l’éducation du public. Une plaque de verre pour lanterne de projection est composée de deux minces couches de verre entre lesquelles est enfermée une illustration. A l’origine, on appliquait à la main de très fines couches de peinture sur les plaques. Par la suite, grâce au développement des plaques sèches et à l’emploi d’une source lumineuse plus puissante, on put montrer des photographies, et même, dans le cas des plaques de Stanley, des reproductions de gravures ou de photographies qui étaient projetées à partir d’une lanterne éclairée au gaz.
Pour soutenir la vente de ses publications, Stanley donnait systématiquement des conférences non seulement aux sociétés savantes mais aussi lors de tournées internationales régulières, organisées par des professionnels. Toujours très appréciées, elles le menèrent, dans les années 1890, de la Grande-Bretagne à l’Australie et la Nouvelle-Zélande et à travers tous les Etats-Unis.
Les plaques de projection, utilisées lors de ces conférences, comme on le ferait maintenant avec des diapositives ou d’un « Power Point », témoignent de l’habileté de Stanley à se servir de ses apparitions très médiatisées. Les illustrations projetées devaient non seulement attirer l'attention de l'audience et souligner le propos du voyageur, mais également satisfaire la soif du public pour un exotisme palpable. On y retrouve toutes les expéditions de Stanley, de la recherche de Livingstone en 1871-1872, au sauvetage d'Emin Pacha en 1887-1890. Visant le « voyageur en fauteuil », les thèmes iconographiques présentés reprenaient les stéréotypes habituels, chers à la propagande des métropoles coloniales et au grand public de l’époque.
En raison de leur fragilité et de leur design, de tels ensembles de plaques nous sont rarement parvenus. Ces plaques, en s’adressant au grand public du 19ème siècle, amorçaient clairement le passage à l’ère du cinématographe et traçaient la voie vers les industries visuelles et touristiques. Elles nous en sont d’autant plus précieuses.