Probablement le film le plus ouvertement politique de Andrea Zimmerman, "Erase and Forget" tourne autour de la figure de James Gordon Bo Gritz, le vétéran le plus "médaillé" de la guerre du Vietnam. Personnage controversé, entre autres pour son soutien à des groupes suprématistes, devenu par la suite activiste anti-guerre, il a un parcours de vie romanesque (il se porte candidat aux élections présidentielles US de 1992 !) qui a inspiré plusieurs personnages de films, comme le Colonel Kurtz dans "Apocalypse Now" et "Rambo"... C’est dans le désert du Nevada, où à une certaine époque il entraîna des Moudjahidines afghans, que commence l’audacieux film de Andrea Zimmerman. Tout en se focalisant sur "Bo", la réalisatrice dresse le tableau d’une nation en crise, profondément désillusionnée à l’égard de sa propre classe dirigeante. Tourné sur une période de dix ans, "Erase and Forget" mélange d’étonnantes images d’archive (certaines totalement inédites), des interviews, des scènes issues de films d’actions rejouées par"Bo". Le film propose une lecture multicouche des liens pervers qui peuvent exister entre Hollywood, les médias et plus largement la société américaine, et les logiques militaristes qui entretiennent le culte de la violence. Au vu de l’actualité récente, un film à voir à tout prix !