De février à mai, le BPS22 accueille Candice Breitz (ZAF, 1972) avec OFF VOICES, sa première exposition personnelle en Belgique. L’artiste, originaire de Johannesburg, investit l'intégralité du musée avec un ensemble d’œuvres explorant le culte des célébrités, l’omniprésence des médias sociaux et les systèmes de privilèges de la blancheur en tant qu’instruments rivalisant pour capter notre attention.
Connue pour ses installations vidéos multicanales et ses photographies, Candice Breitz travaille avec les langages de la culture de masse afin de mettre en exergue l’emprise qu’ils exercent sur notre perception du réel et sur notre empathie envers nos contemporains. Par le biais du collage, du montage, de la fragmentation et du détournement, puisant abondamment dans le répertoire visuel et sonore de la culture dite "populaire", elle scrute la manière dont les médias contrôlent et rivalisent de stratégies pour capturer notre attention au sein d’un marché de l’information qui fétichise la célébrité et se nourrit de divertissement. Son art évoque alors les dangers de la désinformation à une époque où nos récits sont façonnés par des algorithmes, rythmés par nos clics et nos commentaires sur les réseaux sociaux, détachés des réalités pressantes du monde.
Depuis ses premiers collages (Ghost series, 1994-96) dénonçant les stéréotypes raciaux et de genre jusqu’à sa dernière installation détournant 1001 pochettes de cassettes vidéo VHS (Digest, 2019) en passant par sa fresque sur les luttes d’une communauté de travailleuses du sexe du Cap (TLDR, 2017), Candice Breitz élabore des œuvres au contenu incisif, ancrées dans ses racines sud-africaines et ayant une résonance mondiale. Ses productions artistiques, communautaires et collaboratives, s’engagent dans des débats politiques contemporains (féminisme, suprématisme blanc, capitalisme de l’industrie culturelle, désinformation, etc.) et remettent en question les discours médiatiques. Dans un environnement qui privilégie la célébrité au détriment des expériences réelles, qui a droit à la parole ? Quelles voix sommes-nous prêts à écouter dans un monde saturé de médias ? Notre besoin de nous divertir nuit-il à notre capacité à prêter attention ? Ainsi, les œuvres rassemblées dans son exposition au BPS22 posent l’importance du rôle de la narration dans la construction des identités et de la réalité vécue, tout en offrant la possibilité de futures réalités alternatives.