Joël Denot, épuisé par la prolifération sans cesse croissante d’images véhiculées par les nouveaux médias, renoue avec les débuts de l’histoire de la photographie, ses longs temps de pose et les hasards que ceux-ci engendrent.
Temps de pose - Première des temporalités auxquelles se confrontent les photographies de Joël Denot, le temps de pose, qui conditionne l’impression sur la plaque sensible des variations de la lumière afin de les transformer en matière. Le temps de pose est l’outil même de son travail : toutes ses photographies sont entièrement faites à la prise de vue, sans aucune modification ultérieure, sans aucune intervention numérique, et ce sont les temps d’ouverture, généralement très longs, qui déterminent l’apparition ou la disparition du sujet, l’intensité de la couleur, la plus ou moins grande dilution de l’atmosphère colorée. Des durées qui sont le résultat de calculs complexes, notés au jour le jour en fonction de relevés lumineux, d’où découlent des temps d’exposition précis, comme sont précisément tracés les caches servant à créer les impacts lumineux par brûlures du négatif – technicité extrême qui fait toute la spécificité de son travail.
Un propos qui ramène très directement à la photographie ancienne : faire du temps de pose le moyen de capter la lumière afin qu’elle s’inscrive sur la plaque sensible. Écrire avec la lumière.
Photo-graphein, tel que devait la décrire un de ses pionniers, William Herschel. Temps de pose qui se comptait en longues minutes, en heures parfois.