A propos
En revisitant des controverses telles que l’affaire Galilée,
l’effet du plomb, du tabac et du plastique sur la santé, etc., on
s’aperçoit que le climatoscepticisme fait partie d’un processus
de dénégation récurrent dans l’histoire et qui se manifeste dès
qu’une découverte scientifique contredit des récits dominants ou
entrave des intérêts établis. Ainsi, l’héliocentrisme proposé
bien avant Galilée par Copernic ne fut censuré qu’à partir du
moment où il fut corroboré par l’observation parce que ceci
ébranlait le dogme géocentrique de l’Église catholique sur
lequel reposait l’ordre social de l’époque. Parallèlement,
l’effet de serre et le réchauffement global du climat par les
émissions anthropiques de CO2 furent déjà mis en avant au tournant
du 20e siècle par le physicien-chimiste suédois Svante Arrhenius
sans que cela ne suscite aucune contestation. À l’époque, l’état
des sciences et de la technologie ne permettait pas encore de valider
cette conjecture. Un réchauffement planétaire était même jugé
souhaitable afin de pouvoir peupler et exploiter les régions du
Grand Nord. On estimait aussi naïvement qu’un taux de CO2 plus
élevé dans l’atmosphère mènerait nécessairement à des
récoltes plus abondantes. Près d’un siècle plus tard, le
réchauffement anthropique est confirmé, mais le progrès des
connaissances révèle cette fois des conséquences potentiellement
calamiteuses qui remettent fondamentalement en cause notre modèle de
civilisation et ses mythes. Depuis ce constat, la résistance visant
à discréditer par le doute les résultats scientifiques ou à les
ignorer n’a jamais été aussi tenace, ceci alors qu’un consensus
scientifique n’a jamais été aussi large dans l’histoire. Le
doute négateur instillé dans les esprits par les climatosceptiques
se situe aux antipodes même du doute épistémologique, qui lui est
à la base de la méthode scientifique, et donc source de
connaissance et de progrès. Pascal Mailier est l’un des 3455
scientifiques belges qui fin janvier 2019 ont adressé une lettre
ouverte aux politiques pour appuyer les diverses mobilisations
citoyennes en faveur du climat. Docteur en sciences, il a une
expérience de plus de plus de 30 ans dans le domaine de la prévision
du temps et du climat. Il a été notamment météorologue au Centre
européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme
(R-U), chercheur pour la Risk Prediction Initiative (Bermudes),
consultant à la Royal Meteorological Society (R-U) et dans le
secteur de l’énergie, et membre du Comité consultatif du projet
SECLI-FIRM, une initiative soutenue par la Commission européenne
visant à examiner la valeur économique des prévisions
saisonnières. Pascal est actuellement chef de travaux au service des
prévisions de l’Institut royal météorologique de Belgique et
enseigne la météorologie à l’Université de Gand.
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