La Cerisaie d’après nous, ce sont des fragments de réalités et de fictions, volés à Tchekhov et à notre troupe amateure, qui s’entremêlent pour livrer une balade théâtrale, radiophonique et musicale. Une fenêtre sur un monde fait de ses propres normes, ses propres codes, son propre rythme, loin de la fureur et de l’accélération du monde.
Depuis 2020, des acteurs et actrices en herbe d’une maison de soins psychiatriques, des soignants et soignantes ainsi que des artistes se rencontrent régulièrement au réfectoire pour faire du théâtre. Un rituel se crée. Un apprivoisement mutuel. Une rencontre. Cette rencontre prend sa source dans les carnets et les pièces dramatiques de Tchekhov, le médecin de campagne. Au fil des rendez-vous, une troupe de treize acteurs et actrices se constitue. Et dans le réfectoire donnant sur le jardin, le théâtre prend forme : la vie de la maison de soins se mélange à la vie d’une autre maison, celle de la Cerisaie.
La Cerisaie, c’est une propriété qui est « mentionnée dans le dictionnaire encyclopédique » mais qui ne produit des cerises qu’une année sur deux. Cette Cerisaie, elle sera vendue aux enchères le 22 août. On cherche, on mitonne des solutions, mais surtout on boit des cafés, on fume des cigares et on invite, avec le peu d’argent qu’il nous reste, un orchestre mité tandis que Lopakhine nous propose un plan…
Dans notre grand théâtre, le monde est suspendu. Les êtres qui le peuplent, comme les personnages tchekhoviens, sont insaisissables, à la limite toujours du rire et des larmes, du vrai et du faux.