De l’apparition fantomatique du père d’Hamlet à la reconstitution fictive de son meurtre ou au suicide d’Ophélie, toute la tragédie d’Hamlet est traversée et entre, en même temps, en résonnance avec la vie des artistes. Ils et elles s’y livrent avec humour et autodérision tout en clamant fièrement leur altérité. Jusqu’au monologue du héros qui nous interpelle et se charge d’un sens exacerbé : « être ou ne pas être, je suis là, mais tu ne veux pas me voir ! »
Chela De Ferrari et sa compagnie péruvienne, Teatro La Plaza, signent un spectacle qui accroche par son humanité, sa force visuelle et poétique, son énergie et sa justesse.
Quelques scènes fondatrices suffisent (…) pour prendre la mesure d’une tragédie ancrée dans l’imaginaire collectif et en percevoir, comme rarement, le noyau dur : le prince errant est un être à part qui ne saurait être jugé à l’aune de la normalité. Hamlet est différent. Il n’est pas fou. Il est autre. Et alors ? Huit comédiens trisomiques se posent (et nous posent) la question. On n’est pas près de l’oublier. (…) Ce qui se joue est artistique et humain.
- Le Monde