Dans mon travail précédent, je vous avais invités sur une plage immaculée et déserte où rien ni personne ne venait perturber le jeu de la géométrie et des coïncidences improbables qui était mon propos.
Mais je ne vous avais jamais dit qu’il m’arrivait d’aller me ressourcer dans les bars de plages que l’on appelle ici xiringuitos et à quel point j’aimais contempler la mer assis derrière un verre de cava...
C’était simplement parce que je n’avais rien de particulier à partager à ce sujet, mais depuis l’été dernier ce n’est plus le cas !
Je ne m’étais auparavant jamais intéressé à la représentation des objets, jusqu’au jour ou j’ai observé mon verre avec un téléphone, et cherchant des points de vue différents de celui où je me tenais, j’ai eu soudain l’impression d’avoir accès à un autre monde.
Je préciserais qu’au même moment le télescope Hubble nous envoyait régulièrement des images extraordinaires et que je n’ai pas manqué, toute proportion gardée, de faire un parallèle avec ce que je pouvais voir dans mon verre...
Le matériau dont est fait le verre à vin n’est pas celui utilisé dans la fabrication des instruments de précision, c’est un fait, il est bien plus rudimentaire, pour ne pas dire grossier.
Et pourtant, qu’il soit vide ou plein, il peut aussi devenir un formidable système optique, une sorte de machine à transfigurer, riche de nombreuses et précieuses aberrations et déformations plus surprenantes les unes que les autres.
Et quant à son contenu, le vin en l’occurrence, nous savons tous de quoi il est capable et à quel point il peut modifier et altérer notre façon d’appréhender la réalité.
La conjonction des deux permet d’exacerber la vision, de tenter d’ouvrir les portes de la perception et d’envisager une passionnante aventure en terrain inconnu.
Il n’en fallait pas plus pour que j’entrevoie là un champ de possibles en parfaite adéquation avec ma nature hédoniste et qui de plus semblait être le parfait alibi pour m’adonner à mes addictions !
Aucune des images que vous pouvez voir ici n’a été préméditée, elles résultent toutes de l’observation attentive et répétée du moment et de la situation, car il est vrai que quand l’on navigue dans l’inconnu on ne sais trop que chercher...
Il ne s’agira donc que de révélations, car tout comme dans l’histoire du magicien d’Oz, tu ne découvriras rien que tu ne connaissais déjà, ce ne sont des fragments de ton vécu et de ta culture qui resurgiront de manière toujours aléatoire et impromptue...
Mais surtout tellement jubilatoire !
Veni, vidi, bibi.
Pierre Radisic