La scène : une grande toile blanche horizontale, contenant des objets du quotidien et la performeuse Marie De Corte. Une relation s'établit entre les objets taciturnes et silencieux et le corps agile et expressif. Et si les objets se mettaient à bouger, à hésiter, à vaciller, à s'éloigner? Et si une rencontre avait lieu entre des pommes de Cézanne et une paire de vases de Morandi? Et si De Corte engageait une conversation avec une poire?
Dans You are an Object to me, sa dernière création, Charlotte Bouckaert (11 seconds) nous incite à aborder avec émerveillement les natures mortes qui réapparaissent négligemment dans nos salons. A éteindre notre regard automatique et routinier, le plus grand ennemi du regard. L'homme et l'objet laissent des traces dans le temps. Quels sont les contours que la vie laisse derrière elle ?
"C'est le destin des choses et de tout ce que l'on peut posséder que de connaître à partir de l'obscurité une inexplicable et brève existence dans le peu de lumière. Elles sont là un instant, puis elles glissent sur le bord, disparaissent dans le néant." (Bart Verschaffel - philosophe de l'art)
Au cours des dix dernières années, Charlotte Bouckaert a développé un langage visuel à la croisée des arts visuels et du spectacle vivant. Après 11 secondes, sa dernière performance théâtrale, dans laquelle une simple photographie est le guide d'une association de pensée ludique sur l'art (le regard), Bouckaert prend cette fois pour point de départ la nature morte en peinture. Elle remet en question la stase et l'absence de vie de ce genre. You are an Object to me se concentre sur le regard en tant qu'action consciente et animée.