Du temps où ma Mère racontait s’ancre dans des récits intimes et sincères, à travers lesquels se dessine le Liban actuel, sensible et déchiré. Au moyen du geste, des mots et du chant, Ali Chahrour raconte des histoires de mères emblématiques et de leurs familles, certaines égarées, d’autres disparues.
Le spectacle se compose de trois niveaux d’histoires et de références. En filigrane, il y a un pan de l’histoire personnelle d’Ali Chahrour, ou plus précisément celle de sa tante, Fatmeh, qui n’a eu de cesse, jusqu’à sa mort, de chercher son fils Hassan disparu en Syrie depuis 2015. Sur scène, un deuxième récit, tout aussi réel et actuel : celui d’une autre mère, Leïla, qui essaie de protéger son fils, Abbas. Il se rêvait combattant et martyr. Elle va tout faire pour l’en empêcher. Ensemble, mère et fils dansent aujourd’hui sur les plateaux de théâtre. Le troisième niveau de narration relate des événements tragiques, politiques et sociaux qui ont trait à la mémoire collective.
Ces tragédies familiales sont bravées par des mères, dans leur corps et leur voix. Porteuses d’histoires, ces héroïnes de l’ordinaire laissent leur tendresse et l’intensité de leur attachement maternel traverser leur corps et prendre voix. Sur la scène, elles mettent au monde des portraits de familles bouleversants où restera chez chacun·e l’infinie beauté du lien. Raconter ces histoires permet la survie de leurs mémoires. Elles dansent, racontent, chantent pour subsister.
Ali Chahrour, l’actrice syrienne Hala Omran et les musiciens du groupe Two or The Dragon viennent compléter le tableau par la danse, les mots et la musique. Celle-ci, parfois abstraite, parfois brute, emprunte autant à la culture folklorique arabe qu’aux sonorités urbaines. Mouvements, chants, paroles et musique forment une gestuelle et proposent aux générations de faire autant que sécession, à l’image de la puissance de l’amour et de la protection maternelle. Dansons les histoires et les victoires intimes de nos Mères !