Le chiffonnage convoque la contrainte du matériau. Dans un dialogue qui appelle le geste et l’œil, il s’agit de tester la fragilité du papier, d’y chercher sa poésie, de dominer le matériau, voire de propulser la 2D en 3D.
Voici trois approches singulières du geste.
Le chiffonnage s’inscrit depuis longtemps dans le vocabulaire artistique de Dominique BAUDON. Elle aime éprouver le papier, y trouver une poésie rebelle : sacraliser, désacraliser, déconstruire et (re)créer un autre regard au fil de l'inspiration, métamorphoser au gré de l'observation. Les mouvements donnent naissance à des errances fragmentées, sériées, parfois obsessionnelles. Dans les fragiles tensions des réseaux, se trament des équilibres invisibles entre fissures et failles.
Pour Roby COMBLAIN, la gravure est un prétexte pour réinventer d’autres formes. Des accidents de l’impression, des gestes spontanés vont faire naître de nouvelles formes. Le chiffonnage est l’occasion de dévier les traits, de croiser les angles, de propulser la gravure en sculpture. Sa formation de scénographe fait que tant les gravures que le décor de ces gravures font partie de ses pièces.
Pour Emmanuel KERVYN, « chiffonner n'est pas plier » : quand le pli est pris, la soumission est en sous texte. Il est l’artiste du geste répété, de l’abstraction géométrique et de l’acte minimal qui élèverait l’objet ordinaire au rang d’œuvre. Le chiffonnage est un acte plus sauvage, mais l’artiste convoque la contrainte dans un jeu dialectique, par une volonté de maitrise dont il ne se départit pas. |
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