Chaque jour depuis la mort de Mahsa Amini survenue en septembre 2022, les Iraniennes occupent la rue, tête nue, brûlent leurs voiles au péril de leur vie pour crier au monde entier leur désir de liberté. Elles refusent le voilement (obligatoire dès l’âge de 7 ans) que rien ne justifie, ni la religion ni la tradition. Tout juste un pouvoir absolutiste qui cherche à dominer l’ensemble de la société à travers la domination des femmes. A contre-courant de cette dynamique, un autre mouvement prend racine, en Europe et en Amérique du Nord, pour revendiquer le voilement des femmes comme une « liberté individuelle », « un choix individuel », « un droit individuel ». Qu’en est-il exactement ? D’où vient cette rhétorique ? Quels intérêts sert-elle ? Comment interpréter ces deux mouvements ? Surtout, comment offrir aux femmes, en Belgique, les conditions de leur émancipation ?
Djemila Benhabib
Depuis de nombreuses années, Djemila Benhabib est de tous les débats entourant la laïcité et les droits des femmes. Née en Ukraine d’un père algérien et d’une mère chypriote grecque – des scientifiques libres penseurs engagés dans des luttes politiques et sociales –, elle a grandi en Algérie et connu la guerre civile des années 1990. C’est sous la menace de groupes islamistes qu’elle s’est réfugiée en France avec sa famille en 1994.
Arrivée au Québec à l’âge de 25 ans, elle a été tour à tour assistante parlementaire, journaliste, tout en complétant deux maîtrises, l’une en sciences de l’énergie et des matériaux et l’autre en science politique. En 2009, elle devient auteure à succès, publiant cinq essais qui dénoncent l’intégrisme musulman et les conditions de vie des femmes dans les pays arabes : « Ma vie à Contre-Coran »; « Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident », « Des femmes au printemps », « L’automne des femmes arabes » et « Après Charlie, Laïques de tous les pays, mobilisez-vous ! ».
Parallèlement à sa carrière d’écrivaine, elle entame une carrière politique au Québec aux élections de 2012 et de 2014, enseigne la géopolitique à l’UQTR et à l’Université Laval, prononce des conférences et est chroniqueuse et blogueuse pour divers médias. Elle réside maintenant à Bruxelles, où elle est chargée de mission pour le Centre d’Action Laïque.
Enfin, elle a participé, à la création d’un mouvement "Les Universalistes" pour la promotion d’un humanisme des Lumières et du bien commun.