Le cinéma de Jocelyne Saab ne s’arrête pas aux frontières de son pays. Éduquée dans l’idéologie panarabe, elle fait partie d’une génération héritière des luttes d’indépendance conduites après la Seconde Guerre mondiale. Alors qu’au Liban la lutte pro-palestinienne subit des revers dans le conflit qui déchire le pays, Saab part documenter d’autres luttes. En Égypte d’abord. Dans le Sahara occidental ensuite, où les membres du Front Polisario ont déclaré un an auparavant l’indépendance de la République Arabe Sahraouie Démocratique. Après le départ du colonisateur espagnol, cette région du monde (anciennement appelée Sahara espagnol) fait l’objet de convoitise par le Maroc au nord et la Mauritanie au sud. Mais le mouvement politique indépendantiste d’abord créé pour lutter contre la présence espagnole s’oppose dès lors à l’occupation de son territoire par le Maroc et lutte pour son autodétermination avec le soutien de l’Algérie. Jocelyne Saab documente ainsi le dernier conflit post-colonial du continent africain non résolu à ce jour, qui reste une des raisons des dissensions entre le Maroc et l’Algérie.