Connu dans un premier temps pour ses chroniques télévisées, Pierre Carles a ensuite développé un cinéma dissident dans lequel il a mené tour à tour la critique des médias et celle du salariat, dressé des portraits singuliers comme ceux de Pierre Bourdieu, du Professeur Choron ou encore de militants anti-capitalistes passés par l’action directe… Sa filmographie était jusqu’ici très ancrée dans le paysage français. Et c’est la première surprise de ce film, qui a été tourné en Colombie. Un pays à l’histoire complexe, parmi les plus inégalitaires au monde, où des paysans ont pris les armes pendant plusieurs décennies pour obtenir le partage de la terre. Un pays où Pierre Carles a vécu une partie de son adolescence. Sa mère y partageait la vie de Dunav Kuzmanich, premier cinéaste à réaliser un film sur les guérillas colombiennes des années 1950 sans les dénigrer, ni condamner la lutte armée. C’est à ce beau-père, disparu en 2008, que Pierre Carles raconte ce qui s’est passé depuis lors en Colombie.
Tourné sur une période de dix années (du début des négociations de paix en 2012, à l’élection de l’ex-guerrillero Gustavo Petro au poste de président du pays en 2022), "L’avenir a une histoire" éclaire ce qu’aucun film n’avait encore documenté sérieusement : la lutte des Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (FARC) et leur résistance armée contre l’État colombien pendant plus d’un demi-siècle. L’incroyable évolution de ce mouvement révolutionnaire, de la diabolisation au pouvoir constitutionnel, de la persécution au retour à la vie civile. Une histoire porteuse d’espoir comme de désespoir, racontée ici par ses propres protagonistes, femmes et hommes de la première heure ou figures plus récentes. Leurs récits entremêlent la répression politique, l’entrée dans le maquis, les idéaux et les amitiés, en prenant parfois la forme de séquences tournées par leurs soins pour ce film important.
Le 17.01 : projection suivie d’une rencontre avec Pierre Carles, réalisateur.
Le 06.02 : projection suivie d’une rencontre avec Stéphane Goxe, co-auteur.