Malgré son physique de quarantenaire post-dépressif, c’est lui qui le dit dans son premier spectacle « Plat Pays », Sacha Ferra a de la suite de vannes dans les idées. Il faut dire que ce jeune bruxellois a été biberonné à l’humour. Dans sa famille, faire une blague c’est dire je t’aime. Enfin, c’est plutôt ne pas le dire mais le faire savoir quand même. A tel point que dans son quotidien, Sacha avoue ne plus faire la distinction entre premier et second degré. L’humour c’est sa nature, sa philosophie, sa ligne de conduite.
Enfant, il a visionné en boucle les spectacles de Gad Elmaleh avec son père. Depuis, il a dévoré des milliers de vidéos youtube de gens qui le font marrer. Rire, ça lui donne la sensation d’être vivant. Et c’est aussi ce qui pousse Sacha à faire marrer son monde en permanence. C’est comme ça qu’il s’est construit et qu’il a trouvé sa place à l’adolescence, il a endossé le costume du rigolo pour ses camarades de classe. Ils ont été les premiers à se plier sur un de ses sketchs lors d’un voyage scolaire. Un bel encouragement pour Sacha qui ira au retour tester ses blagues dans un concours du Kings of Comedy Club de Bruxelles. C’est sa première scène, il y va discrètement, n’en parle pas à son entourage et arrive en quart de finale. Un encouragement de plus pour acquérir l’assurance nécessaire pour écumer les scènes ouvertes de Bruxelles et du Brabant Wallon. Sacha fait rire tout le temps, c’est régressif presque, ça lui rappelle l’enfance, la famille, l’insouciance.
Chez lui, on le soutient doucement. Son grand-père qui scellera son sort en lui accordant le droit de faire ce qui le rend heureux, même si dans la famille on a le culte du travail laborieux. Il faut souffrir et rentrer fatigué sinon on n’a pas de mérite. L’avantage, Sacha est travailleur, le deuxième avantage, il fait ce qu’il aime et mesure sa chance.
Au fil du temps, Sacha élabore un répertoire de stand-up qui décortique les particularités de son plat pays. Le bruxellois parle de ce qu’il connait le mieux : son quotidien et son entourage. En faisant des blagues, il déclare sa flamme à la Belgique, l’air de rien, comme toujours. Il applique aussi un autre grand principe de la famille Ferra, rire de soi avant tout. Quand tu es capable de rire de toi, dès que les autres le font, ça ne te fait plus mal. Voilà qui deviendra un mantra pour la vie et le cœur de son spectacle. Puisque partout, on se paye la tête des belges, il va lui-même donner les bonnes raisons de le faire en exposant le génie belge. Son Plat Pays raconte qu’en Belgique, être trop sérieux c’est impossible. L’issue nationale est de créer une distance avec les situations qui nous dépassent. Rien n’est grave, tout est bien quand on peut rire de soi.
Depuis sa première scène au Kings of comedy, il s’en est passé des vannes. Sur toutes les scènes ouvertes du pays, en première partie de Kody, Pablo Andres, Guillermo Guiz, Thomas Wiesel et Gad Elmaleh, clin d’œil inespéré aux heures passées devant ses spectacles dans l’enfance. On a aussi vu Sacha au Festival d’Avignon et à Montreux. La scène c’est sa maison et à la différence du foyer familial, il s’y passe un truc fantastique, on le laisse terminer ses phrases sans lui renvoyer une blague au visage. Il savoure, il écoute les rires du public, s’en nourrit pour s’améliorer et avancer.
Depuis quelques temps, il mouille la chemise pour faire marrer sur les réseaux sociaux. Ce qui n’était pas une évidence au départ le devient au fil des retours et des rires virtuels qui s’alignent dans les commentaires sous ses vidéos. Encore une autre façon de dire aux gens qu’il les aime sans le dire.