La photographie lui a appris à regarder, à s’attarder sur l’ordinaire, à trouver étrange le quotidien. Chaque image est une histoire, un regard posé sur le monde teinté de tolérance, de valeurs sociales et d’une lenteur importante à ses yeux, dans un environnement où tout va trop vite. Adré peint des personnages statiques. Il tente de figer l’instant pour renforcer leur présence dans l’image, s’intéresse à la posture, à l’occupation de l’espace au service de la lecture du tableau, comme en photographie. Il invite en cela le spectateur à s’attarder sur le pli d’un bras, la courbe d’un pied, l’enveloppe corporelle symbolisant l’énigme de la condition humaine. Par ailleurs influencé par le graffiti, formidable espace de liberté et premier réel contact assidu avec la pratique artistique, Adré a, pendant plusieurs années, joué avec la forme des lettres, cherchant à les assembler de manière impactante et harmonieuse. La forte présence de la ligne et la quête d’un équilibre dans son œuvre rappellent tout cela. Désormais, c’est la peinture qui l’influence et son lot de questions qu’il digère en peignant. La déformation de ses personnages se veut comme une ode à la tolérance, une suggestion à voir du beau dans le non lisse, la différence comme une richesse.