Emmenez-les manger une frite plutôt que de les guillotiner.
François Ruffin, député français
Ça va être chaud, baroque et doré, mais peut-être pas comme escompté… Ce soir à Versailles, se déroule une fête à laquelle toute la jet-set est conviée. Sous les coups de sifflet de la cheffe des domestiques et sous les plateaux chargés de nourriture, cela court dans tous les sens. Le champagne coule à flot et les musiciens ont loué des costumes d’époque pour l’« authenticité ». Jusque-là rien de surprenant : surconsommation et privilèges sont au rendez-vous. Mais les musiciens se voient refuser par le vigile l’accès au château. Comble de l’entre-soi et de l’intimité, on exige que les artistes baroques restent confinés sur le parking, autour d’un micro, et que la musique soit retransmise de la sorte au château. Et pour couronner le tout, celles qu’on appelle les bonnes ne sont pas autorisées à abreuver les artistes assoiffés. Car ce soir, il fait particulièrement chaud pour la saison. Bâtie sur les marécages, Versailles est moite, prête à vaciller. Personne ne remarque les gouttes d’or qui s’écrasent sur le sol du parking…
Changement climatique et parfum de révolution dialoguent entrent eux dans ce semi-opéra à la fois loufoque et politique, pour le plus grand plaisir de nos sens, y compris le sens critique. Ça va déménager sur ce parking, car Sofia Betz a choisi de donner la parole aux coulisses de la fête, à la précarité et à la servitude. Et si l’assemblée de grands bourgeois préfère finalement entendre Titanic plutôt que Charpentier, c’est sans doute parce que Les Plaisirs de Versailles du compositeur baroque raille une classe sans cervelle et sans conscience du peuple qui gronde.
Et si ce soir c’était le Grand Soir ?