A propos
Immersion, dérive et mort. Filant une métaphore marine pour raconter la tragédie d’Hamlet, Christophe Sermet offre une nouvelle adaptation s’accrochant au style flamboyant mais concis du texte shakespearien.
Hamlet, c’est la tragédie de l’intime se heurtant au monde extérieur avec fracas. C’est l’avènement de l’individu qui prend conscience qu’il est un mystère pour lui-même. Dans le contexte actuel d’accélération du virage numérique, son questionnement sur le rapport à soi et sur la fixité de l’identité est d’une profondeur renouvelée.
Dans le théâtre de Christophe Sermet, nul besoin de relectures conceptuelles ni de transpositions éclatées pour ancrer les classiques dans une réflexion féconde sur notre époque. Sa vision d’Hamlet reste collée à l’intrigue originale : c’est l’histoire du prince du Danemark revenant au pays pour venger son père et qui trouve dans le théâtre et dans le jeu de la folie (feinte) un espace inouï de révélations. Sermet approche Hamlet comme le ferait un archéologue creusant dans les versions anciennes et moins anciennes du texte phare, pour y trouver tantôt un son éloquent, tantôt un mouvement vif, tantôt une perspective étonnante. Autant d’élans qu’il retranscrit dans une langue aussi exubérante que directe et frontale : un plaisir brut pour les acteur·ices.
Dans cette mise en scène qui se méfie de trop de grandiloquence, Hamlet rentre au bercail dysfonctionnel pour venger son père et y retrouve un Danemark flottant, sorte d’île à la dérive. Un espace détaché de la terre ferme, où l’on vit en vase clos en se surveillant les un·es les autres. Un ilôt de folie que l’on ne peut fuir qu’en se jetant dans l’océan, dans le néant, dans la mort.
Sur ce morceau de terre, la fiction et le théâtre serviront de miroir et de révélateur au prince du Danemark. Christophe Sermet accentue la métathéâtralité pour questionner la fonction du théâtre et de l’art dans un monde d’extimité glorifiée. La scène reste-t-elle le meilleur véhicule de l’intime?
Première
Création Studio Théâtre National Wallonie-Bruxelles