A propos
Si découvrir l'homme est un plus, voir ses oeuvres simplement fortes est en soi un choc profond. Les oeuvres
d'Adelin Donnay vous sautent au visage et vous renvoient à vos propres interrogations sans vous donner la moindre chance d'esquiver l'attaque.
Lors de la première série de ‘'Portraits de…‘', il m'en avait confié la genèse. J'ai su, de suite, qu'il tenait son sujet, mais que la forme allait et devait encore évoluer.
Si la noirceur était compréhensible, elle traduisait surtout la volonté de nier tout choix esthétique pour aller droit à l'essentiel. Le passage par les grands formats a amené une picturalité nourrie, la forme resta mais se fragmenta, se complexifia sans perdre de force et en leurs apportant une histoire.
Histoire écrire d'un geste, comme pour Henri Michaux, le geste d'une plume formant un amoncellement de signes qui dote et enrichit ses « Portraits de… » d'une histoire qu'il nous propose de ressentir à demi-mot. Les amoncellements de signes d'une typographie toute personnelle arrivent à vivre également seuls par la volonté féroce d'exister tout en nous poussant vers nos questions archétypales. Il n'invente pas ses histoires, il les vit.
Alors quand sous ses fenêtres il a vu passé quotidiennement le flot d'immigrants, sa sensibilité et son empathie l'obligeaient à traiter le sujet.... Mais le traiter avec une pudeur étrangement criante, nous parler plutôt, nous parler en suggérant avec force l'interrogation, pour finir par poser la question à l'envers.
Ne sommes-nous pas tous ces migrants, les groupes de personnages semblant avancer avec les hésitations que nos peurs et nos doutes provoquent.
Fabris Remouchamps - 03/04/2021