Une grande table dressée pour un dîner mondain. Des bribes de conversations. On y reconnaît le tout-entreprenariat contemporain mélangé à une
idéologie du management idéal. Derrière leurs dialogues, se révèle une réflexion sur le travail, ses contraintes et l’espace de liberté que chaque personne recherche à l’intérieur du cadre qu’iel crée ou subit. Les gens qui travaillent parlent-ils de labeur ou d’activité, de passion ou d’horaires flexibles ?
En véritable « anthropologue du présent », Ariane Loze observe, d’un oeil précis et profondément bienveillant, le monde dans lequel nous vivons et en rend compte par sa voix, ses gestes, son corps, se laissant traverser par les mots des un·es et des autres. Comme invité sur le tournage d’un film en création, le public découvre différents personnages prenant vie sur la scène du théâtre, à la fois studio de cinéma. En compagnie d’un musicien et
d’un directeur de la photographie, Ariane Loze joue tour à tour les différents personnages présents et emmène le public dans un temps morcelé, comparable aux rushs d’un film.
Bonheur Entrepreneur témoigne aussi de notre rapport au temps. Quel temps dédions-nous au travail ? Comment envisageons-nous le temps qu’il reste une fois la journée de travail passée ? Dans les années 70’, le penseur Ivan Illich avait théorisé cette notion de valeur d’échange du temps. Sommes-nous capables de vivre « à 300 à l’heure » et de ressentir les sensations de la même manière ? Comment la conscience que nous avons de nous-mêmes est-elle en train d’évoluer face à cette ambition de contrôle complet de nos vies, alors que le hasard et les aléas de la vie en font souvent la saveur ?