Depuis 2002, Vincent Delerm a sorti six albums, écrit une pièce de théâtre, un livre/disque pour enfants, imaginé et joué un spectacle narratif et chanté, donné des centaines de concerts, composé une musique de film et publié quatre recueils de photos.
Il s’apprête aujourd’hui à dévoiler "Je ne sais pas si c’est tout le monde", un premier film en liaison avec son septième et futur album de chansons à paraître en octobre.*
Vue de loin, telle profusion pourrait passer pour une dispersion coupable, de la part d’un chanteur incapable de rester sagement dans son couloir. D’un peu plus près, pour ceux qui suivent pas à pas cet itinéraire unique dans le paysage français, tout s’éclaire au contraire, tout s’imbrique et se répond, comme un grand kaléidoscope dont chaque facette, en reflet d’une autre, donnerait du sens à la troisième, et ainsi de suite. Au détour de ses chansons, on croise aussi bien Modiano et Platini, The Divine Comedy et Martin Parr, la gare de Milan et le Shea Stadium, des filles du collège et d’anciens raveurs devenus pères de famille. L’inventaire du temps qui passe mais qui n’est jamais perdu, la nostalgie non calcifiée par les regrets, les fragments de l’histoire pop et des discours amoureux de l’ère moderne, une autobiographie pointilliste croisant des portraits d’époques et des lieux jamais communs, tel est l’art ultrasensible et ultra-extensible de Vincent Delerm. Qu’il se décline sur du ragtime ou façon Chamber pop, à nu ou habillé de cordes, minimaliste au piano ou emporté par des cascades d’instruments, solitaire à la Sheller ou enrobé comme du François de Roubaix, seul enchanteur ou en duo (Irène Jacob, Peter Von Poehl, Neil Hannon, Benjamin Biolay…), il se reconnait et se distingue parmi tous les autres, ici ou ailleurs. Truffaut, toujours lui : « Il faut faire des petites choses comme si elles étaient grandes. » Les grandes petites choses de Vincent Delerm n’ont pas fini d’éblouir.