Meet the Writer : Leïla Slimani
Bruxelles - Bruxelles
Fascinée par une boîte de négatifs dont elle a fait l’acquisition sur
un marché à Berlin, une femme s’efforce d’en deviner les motifs. À
travers les ombres et les contrastes, elle guette les signes qui lui
permettent de les dater et y distingue la silhouette d’une autre femme,
dont elle imagine l’existence : celle d’une personne ayant grandi sous
le régime nazi, formatée par cette idéologie de la « normalité » et de
la performance.
Mais à cette réflexion sur le conditionnement social, sur la
valeur des images, ce qu’elles fabriquent et transmettent, vient se
greffer une interrogation sur la propre trajectoire de la narratrice :
pourquoi a-t-elle été attirée par cette femme et ces photos ? N’a-t-elle
pas elle-même été considérée comme « différente », inapte à interagir
avec les autres ? Si les dictatures sont connues pour contraindre les
trajectoires individuelles, au nom d’un idéal supérieur, les sociétés
contemporaines sont-elles exemptes de critiques quant aux
catégorisations qu’elles créent et aux modalités qu’elles imposent ? Au
fil de cette double enquête historique et sensible, Sandra de Vivies
traque les trajectoires perçues comme non conventionnelles et interroge
les possibilités de leur existence.
Sandra de Vivies
est autrice et vit à Bruxelles. Elle œuvre dans le champ des
écritures d’un réel repeuplé qui, formelle- ment, empruntent tant à
la narration qu’à la poésie. Elle expérimente notamment différents
protocoles de mise au jour de récits par la photographie (contemporaine
ou d’archive), à la croisée de la littérature, des sciences
humaines, de l’image et parfois de la danse. Elle a publié un premier
recueil de « récits photosensibles », Vivaces, aux Éditions La place en 2021, et plusieurs textes et photographies aux Éditions Wildproject ainsi que dans les revues Sève, Boustro, Hurle-Vent, Pourtant, HOLZ…
La Femme du lac est son premier roman.