Dans cette nouvelle création, Julie Lombe incarne un fonctionnaire fantasque qui invite à régler une série d’impôts hauts en couleur, aussi obligatoires qu’injustes. Taxes rose, rouge, bleue, blanche… Elle parle cash du travail gratuit, des bas salaires, des dépenses genrées, de violence économique, de patrimoine et de morale. Alors qu’un chemin d’appauvrissement se dessine, entre les guichets naissent des poésies slams qui questionnent un sujet tabou : l’argent. Sur une création sonore de Sara Machine, la pièce rebondit du MLF à Margaret Thatcher et de Simone de Beauvoir à Beyoncé, dans un récit social d’émancipation financière aussi féroce que drôle.
“Fric. Pognon. Thune.
Si l’argent est omniprésent, déifié, nerf de la guerre, il reste un
sujet discret voire gênant dans la bouche de celleux qui en ont
(trop) et de celleux qui n’en ont pas (assez).”
Dans le domaine culturel, la thématique de l’argent est majoritairement traitée sous l’angle de personnages antipathiques : l’homme avare, l’escroc, le contrôleur fiscal, la femme vénale, le grand patron cynique, l’héritier… Ce focus sur la richesse, sur les riches, questionne rarement la pauvreté ; celle d’une classe moyenne qui s’essouffle et celle d’une humanité qui s’effondre. Au-delà même de l’avoir, l’intersectionnalité (genre, race) ou les enjeux environnementaux sont généralement silencés.
Avec “Pauvre fille !”, en additionnant de manière implacable, rythmée et parfois outrancière tous les moyens par lesquels les femmes sont paupérisées par notre société, le propos devient aussi hilarant… qu’étouffant.