A propos
Autrefois, les Ndoko’o (ethnie du Cameroun) s’automutilaient, se ligotaient, pour canaliser leurs effrayantes pulsions. les Ndoko’o n’étaient pas sado-maso, autant le dire tout de suite. Les hommes passaient par toutes les humiliations, y compris celle qui les obligeait d'envoyer leurs épouses coucher avec les chefs blancs et leurs boys dans les camps où ils étaient retenus prisonniers pendant la colonisation allemande. À presque 50 ans, Dominique Bela découvre qu’il est marqué au fer rouge par l’horreur des camps, comme certains Européens à l’évocation des camps de concentration nazi de l’Allemagne d’Adolphe Hitler, toutes choses étant égales par ailleurs. Petit fils d’esclave au camp de Ndjock, il raconte l’histoire tragique de son grand-père à la lumière de la sienne. Lorsque Dominique Bela se lance dans la quête de son identité, de ses racines, il est nourri par des à-priori. Forcément ! La question est taboue, ignorée de l’espace public. L’époque coloniale est toujours présentée de façon bipolaire, avec d’un côté les puissances impérialistes, dominatrices qui font l’histoire . De l’autre, les peuples asservis qui subissent l’histoire. Une juxtaposition presque mécanique des Européen·nes agresseurs contre les Africains résistants. Un schéma bipolaire qui omet un aspect tout aussi fondamental que les résistances ou autres formes de contestations à savoir: la contribution active ou interessée, volontaire ou forcée des peuples colonisés à l’exploitation de leurs propres forces, leurs propres ressources pour le maintien de la domination coloniale. Bloc 9 lit les politiques migratoires contemporaines avec les lunettes du passé et d’aujourd’hui. Comment les discours sociaux sont-ils reconstruits ? Comment un pays, une société civile se culpabilise par rapport à l’action de ses ancêtres ? Comment une injustice passée, peut se transformer en action prospective ? Quelle histoire de la colonisation, est-elle enseignée dans les écoles ?