Étudiant en sociologie puis en anthropologie, Ameur-Zaïmèche réalise son
premier film en 2001, à Montfermeil, où il a grandit. Petit film, un
peu jeté comme un coup de dés, tourné par-ci et en impro par-là, "Wesh
Wesh" raconte la double peine de Kamel, français viré de France après
avoir fait de la prison et de retour d’Algérie sans papiers. En quête
d’un travail que son récent passé lui rend inaccessible, il zone dans
une sorte d’entre-deux auquel cette double peine l’a condamné. Autour de
lui, la vie suit son cours lent dans l’ennui, le vide, les
revendications et les exclusions, des combines de son petit frère qui se
rêve en dealer en chef à sa mère qui bataille sur tous les fronts. La
cité ici est un territoire tout en lignes de fuites, dépliée autour des
trajectoires de ceux qui l’habitent et la parcourent en tous sens et de
toutes les manières. Nerveux et électrique par instants façon Spike Lee,
parfois laconique comme sa BO jazzy, "Wesh Wesh" croque aussi quelques
rapports dans des scènes cocasses à l’humour plutôt pince-sans-rire. Y
irradie aussi la grâce d’un cinéaste qui filme à fleur de monde ce qui y
palpite partout des indomptables élans de rages, de désirs et de
fraternités.