A propos
'The Anthology’ is perhaps the most important American mixtape ever made.’ (Pitchfork)‘Make no mistake – there was no ‘folk’ canon before Smith’s work.’ (John Fahey)À l’occasion du centième anniversaire de l’artiste visuel, musicologue, graphiste, anthropologue, bohème, cinéaste expérimental et collectionneur de disques Harry Smith (°1923), l’AB braque pendant trois jours ses projecteurs sur sa magistrale compilation : l’Anthology of American Folk Music. Avec ses 84 pistes (datant de la période 1927-1932), cette anthologie est considérée comme la bible de la musique folk américaine. À la fin du siècle dernier, l’opus fut même auréolé d’un Grammy Award dans la catégorie “Best Historical Album” et Rolling Stone y voit l’un des meilleurs albums de l’histoire. Beck, Beth Orton, Bob Dylan, Elvis Costello, Jack White et Jeff Tweedy (Wilco) sont des fans inconditionnels. Au même titre que Nick Cave, d’ailleurs, qui piocha “Stagger Lee” et “Henry Lee” dans cet immense répertoire.Autant de raisons de rendre hommage à Harry Smith, le jour où il aurait soufflé ses 100 bougies. Pour célébrer cet anniversaire, l’AB accueillera des invité·es de marque : Meskerem Mees, Mount Eerie, Sam Amidon (et sa special guest Beth Orton), The Golden Glows, Mike Gangloff, Shovel Dance Collective et Venediktos Tempelboom s’immergeront dans The Anthology pour (ré-)interpréter leurs titres préférés ou raconter leur propre histoire dans l’esprit de l’œuvre smithienne.À la faveur d’un entretien avec Rani Singh (directrice des Harry Smith Archives et assistante personnelle de Smith à la fin de sa vie) et Bret Lunsford (auteur du récent Sounding for Harry Smith), nous approfondirons le vaste héritage du collectionneur. L’AB projettera aussi The Old Weird America, un documentaire qui retrace l’histoire de The Anthology. Enfin, le pianiste Giovanni Di Domenico accompagnera Early Abstractions, les courts métrages animés de Smith, de ses improvisations musicales.Cet hommage peut compter sur l’appui et la collaboration des Harry Smith Archives.THE GOLDEN GLOWS (BE) (20h)En 2018, l’AB invita le trio anversois The Golden Glows en résidence. Leur mission ? Retravailler les titres de la célèbre anthologie d’Harry Smith comme s’il s’agissait d’un chef-d’œuvre contemporain. De cette résidence musicale naquit un album, baptisé The Songbook of Harry Smith. Une guitare et trois voix chaleureuses s’y emparent du matériau smithien pour ciseler une œuvre d’une pureté absolue, tant acoustique qu’émotionnelle. À l’écoute, on est catapulté en 1928. Une lumineuse réussite – ce qui n’a rien d’étonnant, car les Glows se spécialisent depuis près de vingt ans dans la pop d’autrefois, et notamment dans l’americana des années 1920 et 30. En 2009, les Anversois s’étaient déjà produits à l’AB pour interpréter une série de Prison Songs d’Alan Lomax, âme sœur de… Harry Smith. Coïncidence ?MOUNT EERIE (US) (21h)Phil Elv(e)rum, leader des Microphones, peut se targuer d’une œuvre époustouflante. Sous l’alias de Mount Eerie, il compose depuis des années des albums poignants, qu’il sort sur son propre label, P.W. Elverum & Sun. À l’AB, notre instinct nous a poussés vers Mount Eerie pour notre hommage à Harry Smith. Décidément, rien n’arrive par hasard : le lien entre Phil Elverum et Harry Smith s’est avéré plus profond que prévu.Phil Elverum : “Je connaissais ‘The Anthology’ avant de connaître Harry Smith. J’y voyais juste une anthologie folk sympa et excentrique. Puis, j’en ai appris davantage sur le mec bizarre qui l’avait compilée et sur ses liens avec les écrivains de la ‘beat generation’ que j’aimais tant, avant d’apprendre qu’il venait de la même ville que moi et qu’il était en fait un camarade d’école de mon grand-père. C’est ce qui m’a amené à travailler sur le livre ‘Sounding for Harry Smith’ avec Bret Lunsford.[…] J’ai fini par considérer Harry Smith comme l’un de mes – de nos – ancêtres culturels, dans la mesure où il était un progéniteur très précoce de cette quête de transcendance artistique contre-culturelle, menée à la marge. Quelqu’un qui a reconnu très tôt l’importance de sortir du statu quo.”À quoi pouvons-nous nous attendre, Phil ? Elverum : “Cela va paraître étrange, mais je sens que le fait de jouer mes propres chansons, de vivre ma propre vie si profondément inspirée par son exemple, constituerait un hommage plus intime [que de reprendre les morceaux de The Anthology, ndlr.]. Je ne vois pas vraiment quel autre angle emprunter pour lui être plus fidèle.” Qu’on se le tienne pour dit. Make Harry proud, Phil!